En attendant une nouvelle fournée de boissons, je vous propose aujourd’hui une plongée dans les gâteaux et autres friandises que l’on trouve ici et pas en France. Comme tout le monde n’a pas aussi bon goût que moi, il est possible que certaines personnes ne soient pas convaincues, mais elles ont tort. (more…)
27 mai 2009
23 mai 2009
Je n’ai pas une tête de judoka 2
Depuis mon arrivée dans le Kansai, j’ai retrouvé mon sensei, dont je vous ai déjà parlé. Il est influent dans la région et m’a donc fait un beau cadeau : il m’a obtenu l’accès au dojo de l’université de Tenri.
L’équipe de judo de Tenri est probablement l’équipe la plus forte au monde. C’est ici que s’entraîne Anai, qui a battu Muneta au championnat du Japon de cette année. J’étais fier d’avoir travaillé avec le père de Muneta, parce que c’est le père d’un grand champion, mais si tout le monde faisait du judo comme Muneta, je serais parti prendre des photos de curling au Canada pour avoir de l’action. Anai, c’est un peu mon idole, en matière de judo. Il a un physique pas du tout japonais de grande pieuvre et il a un judo magnifique, avec des attaques incroyablement rapides et techniquement très belles. Et pendant que j’étais là, son coach personnel était Shinohara, un grand champion japonais, qui a passé sa carrière dans l’ombre de David Douillet, qui l’a vaincu en finale d’un championnat du monde et des JO de 2000, les deux fois sur des décisions arbitrales contestées (autant dire que le nom de Douillet est particulièrement tabou dans les environs). Voilà pour UN des judokas de Tenri. En gros, sur les dizaines de judokas là-bas (probablement plus d’une centaine), il n’y en a pas un, même sous calmants que je puisse rêver de faire chuter une seule fois de mon vivant.
Mon sensei m’a donc amené dans ce dojo et m’a présenté à un premier sensei, qui a dit qu’il n’y avait pas de problème pour que je m’entraîne pendant le mois de mai. Il m’a ensuite présenté à un second sensei, qui a la particularité de très très bien parler français. Ce second sensei, qui pèse à vue de nez moins de 66kg m’a regardé de la tête aux pieds et m’a dit en riant, en français dans le texte « Vous voulez vous entraîner ici ? C’est très dur, vous savez. Je vous regarde et je sais que vous n’êtes pas très fort. Votre manière de porter votre ceinture me suffirait à le savoir. ». « So long » pour mon amour propre de judoka. Heureusement, je l’avais laissé dehors en rentrant dans l’université. Je n’ai définitivement pas une tête de judoka ! L’anecdote me fait en réalité beaucoup rire et elle m’impressionne aussi, parce que cette capacité à voir le niveau d’un judoka (et pas comme certains non connaisseurs qui disent « tu n’es pas musclé, tu ne dois pas être un grand judoka », car le truc n’est pas là) me parait assez mystique !
J’ai commencé par faire un combat contre quelqu’un qui m’avait invité et qui m’a dominé de plusieurs années-lumière pendant tout le combat, puis j’ai préféré faire des photos, pour ne pas leur faire perdre de temps. Le sensei qui m’avait dit que j’avais l’air faible et qui s’occupe principalement de l’équipe féminine m’a alors dit de travailler avec les femmes, ce que j’ai fait pendant plusieurs combats. De manière assez honorable ai-je trouvé. Le lendemain, je suis revenu et il m’a dit « les filles sont très contentes de travailler avec toi, tu peux revenir quand tu veux ». Je prends ça comme un gros compliment, dans l’absolu et d’autant plus dans sa bouche.
Après l’entraînement à Tenri, mon sensei m’a directement amené à son dojo, pour le cours du soir. J’étais tout ému de retrouver ce bon vieux dojo où j’ai beaucoup appris. Nous n’étions que trois adultes, en plus du sensei, mais ça m’a fait plaisir de retrouver ces deux élèves que j’avais côtoyé à l’époque. Et puis c’est aussi ici que mon nom est écrit sur une plaque dans la liste des élèves et que le sensei dit aux enfants « va travailler avec Tingaud Sempai » (sempai désigne un ancien par rapport au novice). A la fin du cours, la fille du sensei nous a apporté des gâteaux japonais et du thé, que nous avons mangés en tailleur au milieu du dojo.
21 mai 2009
Troisième mouvement
Depuis hier, je suis arrivé à Osaka, dans le Kansai. Ca tombe bien, puisqu’il y a justement une épidémie de grippe espagnole/porcine qui vient de s’y déclarer…
Je vais naviguer dans la région, entre Kyoto, Osaka et Nara pendant un certain temps, que je n’ai pas encore précisément défini. Ca dépendra des dojos que je trouve ici.
19 mai 2009
Résumé des mouvements précédents
Je fais ce billet un peu tard, puisque je suis sur le point de quitter Hiroshima et que j’ai déjà donné des indications géographiques dans les billets précédents, mais je remets une petite carte avec le trajet parcouru depuis le début, qui vous parlera probablement beaucoup plus que les noms de villes. J’ai mis un point pour Matsuyama, car j’y ai passé une nuit.
18 mai 2009
Fastes, gloire et classe internationale
Depuis dix jours, je vie dans un monde de fastes, de gloire et de classe internationale, dont je vais enfin vous parler ici.
A mon arrivée à Kagoshima, j’avais le nom de deux professeurs de judo dans une université de sport, donnés par un médecin japonais et un prof de judo français étudiant l’enseignement du judo aux enfants. Ma première journée à Kagoshima, je décidais donc d’aller voir cette université, qui d’après le site internet demandait pratiquement deux heures de trajet depuis mon hôtel car elle se trouve de l’autre côté de la baie. En réalité, il fallait trois bonnes heures, avec les attentes de bus. Une fois arrivé, j’ai trouvé le dojo, qui était désert et je suis allé me renseigner au service des étudiants où l’on m’a dit que le professeur que je cherchais était celui qui m’avait été évoqué par le français (le nom que j’avais du médecin était peut-être celui du prédécesseur, je n’ai jamais vraiment cherché à savoir). On m’a aussi dit que le prof en question était bien dans les locaux, mais pas à son bureau, donc injoignable et que je pouvais repasser le lendemain matin… Pour rentabiliser un peu mes 6h de trajet, j’en ai profité pour m’arrêter dans un onsen du coin, ça serait dommage de se laisser dépérir…
Le lendemain, de bonne heure, j’ai refait mes trois heures de trajet (que j’ai fait en seulement 2h30, par une bonne combinaison de bus), pour essayer de rencontrer mon fameux professeur. Quand je suis arrivé, je me suis à nouveau présenté au service des étudiants, où la même dame que la veille m’a dit qu’elle n’arrivait encore pas à le joindre et que je pouvais laisser un courrier qu’elle déposerait directement sur son bureau. En japonais s’il vous plaît, ce qui m’est techniquement à peu près impossible. Voyant la tête que je faisais, elle m’a demandé d’expliquer ce que je voulais dire et je lui ai parlé de mon projet. Elle a alors pris la pose japonaise « komattana… » (c’est embêtant…), qui consiste à faire huuummmmm en se tenant le menton et en espérant très fort que la réponse tombe du ciel ou que le grand gaijin en face arrête de faire des yeux de chien battu. Comme la deuxième solution était peu probable (je suis triple champion du monde de culpabilisation de japonais, c’est comme ça que je suis arrivé là où je suis aujourd’hui), c’est la première qui a eu lui. Un membre du club de judo a débarqué pour faire signer une feuille, sur le chemin pour son entraînement !
Il m’a donc conduit à Hamada sensei (retenez ce nom, il va revenir), qui m’a regardé arriver avec les sourcils froncés et à qui j’ai donné le nom de mon contact et re-raconté ma vie alors qu’il me regardait avec beaucoup de suspicion. Alors que j’étais en train de m’enfoncer profondément dans le bourbier de la barrière des langues, il m’a demandé de répéter le nom du contact (il se nomme Thierry, ce qui est imprononçable pour un japonais) et au bout de trois tentatives de plus en plus louches, il a compris, son visage c’est brusquement éclairé et on était les meilleurs amis du monde. Dix secondes plus tard, j’étais présenté au club et je commençais les photos. 3h plus tard (j’étais arrivé trente minutes après le début du cours. Pour vous faire une idée, je me sens physiquement plus proche de courir le marathon que de faire un entraînement de judo de 3h30), le cours finissait et Hamada sensei m’emmenait manger des sobas (il a payé la note, évidemment), après m’avoir offert une serviette du club et avant de m’offrir une boite de bonbons parce que c’est la spécialité de la région. Je retournais ensuite à mon hôtel avec un rendez-vous le lendemain dans le dojo de la police de Kagoshima, pour un entraînement de masse.
Le lendemain, arrivé au dojo de la police, Hamada sensei m’a présenté à tous les enseignants présents et j’ai pu photographier pendant à nouveau plus de trois heures plus d’une centaine de champions en train de s’entraîner. A la fin du cours, après s’être excusé de ne pas pouvoir rester plus, car ils devaient repartir à leur université, il me proposa d’assister le lendemain à une petite compétition féminine locale ! Trois entraînements différents en trois jours, proposés par le même sensei !
Pour la compétition, rebelote, Hamada sensei m’a présenté à tous les organisateurs de la compétition, ce qui m’a donné une vraie légitimité pour aller où bon me semblait. Je reparlerai de cette compétition dans un autre billet, il y a des choses à dire dessus… Après la compétition, j’ai donné à Hamada sensei les photos du premier entraînement, que j’avais enfin pu développer et je lui ai dit que j’aimerais aller à Hiroshima pour la suite. A quoi il m’a dit que je pouvais aller chez son propre sensei, sur l’île d’en face !
Je passe sur un nouveau passage à l’université pour dire au revoir et donner les dernières photos et on passe aux choses sérieuses.
Hamada sensei est huitième dan. C’est un grade que l’on atteint généralement à un age très avancé, pour les très rares qui l’atteignent. Physiquement, il paraît extrêmement jeune pour cela, mais je me demandais un peu à quoi pouvait ressembler son sensei. D’autant plus que celui ci avait un nom qui doit vous évoquer quelque chose, si vous suivez un peu : Muneta sensei !
Et bien après vérification, c’est bien le papa du champion !
Muneta sensei avait été prévenu de ma venue et j’avais son numéro de téléphone. Après avoir vainement tenté de l’appeler pendant ma première journée à Hiroshima, il m’a rappelé dans la soirée et m’a dit que je ne pouvais pas faire l’aller-retour à Matsuyama, où est son dojo, sur la journée et qu’il me réservait un hôtel sur place et m’a donné rendez-vous deux jours plus tard.
Deux jours plus tard, Frédéric Tingaud a été pris en charge par un des professeurs les plus connus du Japon, père de l’icône nationale. J’ai visité avec sa femme et lui le château de Matsuyama et il m’a proposé de m’entrainer un peu, en plus de faire des photos, ce que j’ai accepté, parce que ça faisait dix jours que je n’avais pas mis un kimono et parce que c’est quand même juste d’une classe incroyable de s’entrainer au Munetadojo. Par contre, un peu effrayé par les cours de 3h30 que j’avais vu à Kagoshima, j’ai bien insisté sur mon faible niveau et le fait que je n’étais que premier dan. En fait, il y avait 2*2h de cours, d’abord les enfants où j’ai revu de tous petits bouts de choux en train de s’entrainer avec sérieux, puis le cours adulte où je n’ai presque pas pris de photos, occupé à faire du judo que j’étais. Et Muneta sensei m’a dit que j’étais fort ! Je vous avais prévenu que l’on était dans la classe internationale ! Petite anecdote, pour remettre les choses en perspective, j’ai travaillé avec un grand gamin dégingandé, profile type de l’ado, tout mou et boutonneux. On a commencé le randori normalement, en bougeant un peu pour jauger l’autre, avant de passer aux choses sérieuses. Et puis d’un coup, j’ai eu le souffle coupé et j’étais par terre. J’ai vérifié, je suis le seul à être tombé, donc il n’a pas pu simplement renverser le dojo autour de moi… J’ai travaillé avec des gens de très haut niveau, mais même avec eux, il y a toujours ce bref instant où dans ma tête passe un « Et merde… » (en fait, j’ai déjà eu ça une fois, mais c’était il y a 15 ans avec Angelo Parisi, un ancien champion olympique, donc on va dire que ça ne compte pas). J’ai interrogé Muneta sensei, l’ado en question a 15 ans et il est champion régional. Dans 5 ou 6 ans, je pourrai me vanter de l’avoir rencontré avant qu’il devienne célèbre, celui là !
Fin de l’anecdote. Après le cours, Muneta sensei m’a emmené manger des sushis. Inutile de préciser qu’il a tout payé, les sensei sont imbattables pour ça, mais là où on tombe dans le faste, c’est que quand il m’a amené à l’hôtel, il a également payé la chambre et m’a laissé des billets pour le taxi le lendemain. J’ai essayé de refuser, mais j’ai abandonné quand il a commencé à prendre un ton agacé (les sensei sont très forts pour cabotiner, mais celui ci a mis des fessées à un champion de judo, donc je n’avais pas envie de l’agacer pour de vrai).
Rendez-vous le lendemain, pour assister à une compétition d’enfants ! J’ai fait des photos depuis le public pendant un certain temps et ensuite, quand j’ai croisé la femme de Muneta sensei, elle m’a donné un badge d’entraineur et j’ai pu continuer au milieu des combattants… A la fin de la compétition, ils m’ont ramené au ferry en m’achetant un bentô en route.
Je crois que la morale de l’histoire, c’est que les japonais sont accueillants.
14 mai 2009
Je le savais !
Je sais que je devrais donner de mes nouvelles, plutôt que de faire des billets idiots, mais je n’ai pas pu m’en empêcher.
Il se passe quelque chose de particulier entre les japonais et les salles d’eau. Je ne dirais pas qu’ils ont un problème avec, parce qu’au contraire, ça ressemble plus à une affinité. Il y a deux jours, j’ai attendu après un japonais qui utilisait la douche de mon auberge de jeunesse. Je l’ai clairement entendu faire couler l’eau à six reprises avec plusieurs minutes entre chaque. J’ai beau compter : savon, hair conditionner, shampooing, après shampooing, le compte n’y est pas. Et c’est à partir du moment où je suis arrivé, donc il y en a probablement eu plus que ça…
Mais le vrai mystère, ce sont les toilettes. On en trouve absolument partout ici, mais heureusement, car si une japonaise entre devant vous dans les toilettes, il y a un espoir que vos enfants la voit ressortir. Pour votre usage, il vaut mieux en chercher d’autres plus loin. J’estime à environ 20% la proportion de la journée qu’un japonais moyen passe dans les toilettes. J’espère qu’ils pensent à prendre à manger. Du coup, comme ça m’intrigue beaucoup et que je ne peux pas vraiment savoir, j’en suis réduit aux suppositions. La plus crédible que j’avais jusqu’ici, c’est que les japonais pratiquent des messes noires dans les toilettes. Et ce matin, en arrivant à mon nouvel hôtel, je suis tombé sur ce panneau :
Interdiction de jeter des poupées vaudou dans les toilettes ! Le titre de ce billet lui sert aussi de phrase de conclusion.
11 mai 2009
Les bains japonais
Pendant des années, j’ai été persuadé que les japonais avaient inventé le judo dans le seul but de pouvoir apprécier la douche qui lui succède. La chaleur, la sueur, les muscles douloureux, la brûlure du kimono (les initiés préfèrent dire judogi)… Et puis en arrivant au Japon, j’ai découvert que je m’étais trompé. Le sens de la vie est de prendre un bain après le judo. Estimez-vous chanceux, il n’est pas fréquent qu’un blog révèle le vrai sens de la vie comme ça.
Qu’est-ce que le bain japonais ? C’est un lieu dans lequel on trouve un ou plusieurs bassins d’eau souvent très chaude, ainsi que de petites douches à côté. Les douches sont près du sol, car on les utilise assis sur un petit tabouret. On commence par se mouiller rapidement dans les douches, puis on va tremper dans l’eau chaude du bassin jusqu’à ce que les neurones soient liquides. On retourne ensuite se laver consciencieusement sous la douche, puis on retourne bouillir une seconde fois. Du moins, c’est ce que disent les instructions pour étrangers. En fait, on fait un peu comme on veut. On a avec soit une petite serviette appelée « face towel » qui sert à plein de choses, dont gant de toilette, humidificateur pour le visage et cache sexe, cf plus loin.
J’ai souvent plein de questions sur les bains japonais, donc je vous fait une FAQ :
Pourquoi c’est génial ?
Parce que !
Mais encore ?
C’est une sensation très agréable physiquement, d’être plongé dans de l’eau chaude. On ne bouge pas, parce que ça brûle autrement et on n’a plus qu’à parler ou à tergiverser en attendant d’être cuit.
On y va en maillot de bain ?
Non. Généralement, on y va nu. Comme dit plus haut, on peut utiliser la « face towel » comme cache sexe, soit en la nouant autour des hanches pour les plus pudiques, soit en la tenant négligemment devant soit. Les moins pudiques peuvent porteur leur « face towel » ostensiblement sur l’épaule… Pour les filles, je n’ai jamais vu, mais j’imagine qu’il faut faire un choix, car la « face towel » est relativement petite.
Il y a des bains mixtes (avec un clin d’œil complice) ?
Il parait qu’on en trouve dans certains coins reculés. Mais les bains sont fréquentés principalement par les personnes âgées chez qui c’est une institution. Pour ma part, je ne tenterais pas l’expérience…
Les bains japonais, c’est les onsen c’est ça ?
En fait, les japonais différencient les onsen, qui viennent d’une source thermale, des bains normaux, qui utilisent l’eau du robinet. En pratique, ça reste cependant pareil, sauf pour certaines sources thermales « amusantes » (eau colorée, eau encore plus chaude que d’habitude, etc.) et sauf pour la présence de panneaux prétentieux prétendant que l’eau du bassin 2 va guérir toutes les maladies.
Aujourd’hui, j’ai essayé un onsen assez réputé de l’île de Sakurajima. On y va habillé en kimono, le bain est mixte, en extérieur au bord de la mer et il s’agit en même temps d’un site religieux shinto, donc les gens viennent y faire leur dévotions dans l’eau et on est au milieu des objets religieux (statues, rochers encordés, autels). C’était bien.
6 mai 2009
Premier mouvement
Après un mois à Tokyo, le temps de me déplacer un peu était venu. Me voici donc arrivé à l’extrême sud des îles principales, à Kagoshima (sur l’île de Kyûshû). Premièrement parce que c’est exotique de me dire que je suis plus au sud que l’Iraq, deuxièmement parce que j’ai rencontré des gens qui avaient fait du judo ici, donc j’ai à priori des chances de trouver des dojos.
Pour le moment, j’ai réservé une semaine d’hôtel, je verrai ensuite si je dois rester plus ou si je peux commencer à remonter vers le nord.
Pour le trajet, j’avais prévu d’économiser au maximum, en prenant le bus ou le ferry, mais la différence de prix ne justifiait pas de mettre 48h au lieu de 2h, donc j’ai choisi la facilité.
Il pleuvait pour ma première découverte de la ville, donc j’ai préféré rester à l’abri à regarder une « battle » de hip-hop, cf billet ci dessous. Je recommencerai l’exploration demain, s’il fait meilleur.
4 mai 2009
La foule au Japon
Le Kodokan se trouve à quelques mètres du Tokyo Dome, qui est un peu notre Stade de France. Le week-end dernier s’y déroulaient deux concerts de X-Japan. il y avait donc pendant deux jours des centaines de gothiques cosplayés en rouge qui faisaient la queue en plein cagnard. Ils ont probablement bronzé… (je ne devrais pas moquer les gothiques, j’aurais l’air bête s’il y avait d’ex-gothiques parmi mes lectrices). Ce n’est pas le sujet du billet, mais il y avait en particulier de petits stands qui vendaient des objets X Japan, dont le pire goody de mauvais goût de l’histoire de la fan-attitude : des serviettes de toilette Hide !
Oui, oui, j’ai bien dit des serviettes de toilette Hide.
Donc les gens qui n’ont pas compris ces dernières lignes sont encore moins cultivées que moi en musique J-Pop, félicitation à elles. Hide, ex-chanteur du groupe X Japan, est le Kurt Cobain japonais. Comme Kurt, il a été assassiné par un consortium secret comprenant la CIA, les extra-terrestres et un ange déchu qui pleure des larmes de sang, qui a cherché (le consortium, suivez donc un peu) à faire passer ça pour un suicide. Mais contrairement à Kurt Cobain, il n’a pas fait ça au fusil, mais en se pendant à la poignée de sa salle de bain avec une serviette. Depuis, la seule tentative de suicide acceptable pour un gothique japonais est par pendaison à la serviette. Ce mouvement a d’ailleurs eu un succès regrettable. J’ai hésité à qualifier la serviette Hide de pire goody de mauvais goût de l’histoire, car après tout, les catholiques vendent bien des crucifix depuis des siècles, mais à la réflexion, les crucifix ne peuvent pas être utilisés à des fins personnelles, donc si elle gagne haut la main.
Nous arrivons enfin au vrai sujet de ce billet : la foule. En réalité, il y a deux types de foules :
La foule désordonnée, où chacun va où il veut, voire décide de s’arrêter pour taper un mail sur son portable. C’est le terrain où la grand-mère japonaise fait fureur. La dernière personne qui m’a dit que les japonais ne poussaient pas dans la foule était plus grande que moi et avait enterré le quintal au fond de son jardin depuis des années. Je pense que la phrase complète, si j’avais poussé la conversation aurait été « les japonais ne poussent jamais dans la foule, par contre sa picote au niveau des jambes et il y a plein de japonais écrasés sur mon chemin ». En gros, dans une foule désordonnée, telle qu’une rue commerçante, les japonais passent et n’ont pas pour habitude de s’excuser avant de se frayer un chemin. Je sais que cette affirmation va troubler la vision de nombreuses personnes, mais il fallait la faire !
Par contre, là où les japonais sont proprement incroyables, c’est dans une foule ordonnée, où tout le monde va au même endroit. Ils ont tous réussi à intégrer une chose qu’une très faible minorité de français comprend, c’est que la distance avec la personne devant dans une file d’attente ne change strictement rien au temps qu’il reste à attendre. Ils ne poussent donc pas. Cette simple règle, alliée au fait qu’ils ne doublent pas dans ces cas là, leur permet d’avoir une intelligence de groupe proprement hallucinante pour un français. J’ai vu des milliers de personnes évacuées par métro après un festival en quelques MINUTES, avec une file, organisée par la police, qui se meut sans heurts depuis le centre-ville jusqu’à la gare. Pour le concert de X Japan, dont les fans étaient déjà en train de faire la queue à 9h du matin pour le concert du soir, j’ai assisté à une autre chose incroyable : une file de personnes, qui va de l’entrée du stade à l’entrée du parking, qui s’interrompt et qui reprend cinquante mètres plus loin. Et pour canaliser la foule, deux policiers, un de chaque côté de l’entrée de parking.
Le côté triste de l’histoire, c’est qu’à bien y réfléchir, quelques imbéciles qui se placeraient dans cette foule ne suffiraient pas à la désorganiser. Si on n’arrive pas à ce comportement, c’est qu’il y a une majorité d’imbéciles…
3 mai 2009
Un coiffeur sachant coiffer
Je me suis fait couper les cheveux avant-hier. Cette nouvelle, qui je l’imagine provoque un intérêt non dissimulé chez mes lecteurs, est finalement moins anodine que chez la plupart des blogueurs BD, parce que je l’ai fait chez un coiffeur japonais.
Donc je conseillerais à toutes les filles qui payent régulièrement 40 Euros pour leur coupe d’arrêter de lire ce billet, je ne suis pas responsable des crises de jalousie qui pourraient advenir.
Au Japon, le prix normal pour une coupe de cheveux complexe, homme ou femme est de 1800 Yens (13,61 Euros au moment où je vous parle). Il se trouve que je n’ai pas une coupe de cheveux complexe, donc je me fait couper les cheveux pour 1000 Yens (7,58). La vision de la coupe de cheveux au Japon est différente de la France, dans la mesure où au Japon, on vous vend aussi le fait que vous allez être coiffé en vitesse. Généralement, la formule est 1000Y/10min.
Comme je vais jusqu’au bout de la recherche, j’ai évidemment vérifié l’heure en rentrant et en sortant. En réalité, je crois bien que le coiffeur a mis 12 minutes en tout… Mais techniquement, il avait fini de me coiffer avant, donc ça doit être bon… Pour coiffer en 10 minutes, il n’y a évidemment pas de shampoing, juste un coup de pistolet à eau (enfin de brumisateur, mais certains de mes lecteurs comme Tiflo et les 101daltoniens pourront témoigner de la proximité de ces deux objets), 5 minutes de tondeuse et enfin le plus troublant, 5 minutes pendant lesquels le coiffeur vous passe littéralement l’aspirateur dessus ! Il a une petite brosse sur son aspirateur et il vous la passe d’abord consciencieusement dans les cheveux, puis sur toute la tête et dans le cou. Comme en plus ils mettent une petite bande de papier qui doit être électro-statique autour du cou, il ne reste pas un cheveu coupé qui traîne !
Je vous mets une petite photo d’une enseigne en anglais (ce n’est pas celui chez qui je suis allé, mais c’est vaguement pareil), pour que vous puissiez vérifier. Pour moi, c’était le « bozu style » à la tondeuse, mais ceux qui veulent se faire couper les pointes payent le même prix