Je sais que je devrais donner de mes nouvelles, plutôt que de faire des billets idiots, mais je n’ai pas pu m’en empêcher.
Il se passe quelque chose de particulier entre les japonais et les salles d’eau. Je ne dirais pas qu’ils ont un problème avec, parce qu’au contraire, ça ressemble plus à une affinité. Il y a deux jours, j’ai attendu après un japonais qui utilisait la douche de mon auberge de jeunesse. Je l’ai clairement entendu faire couler l’eau à six reprises avec plusieurs minutes entre chaque. J’ai beau compter : savon, hair conditionner, shampooing, après shampooing, le compte n’y est pas. Et c’est à partir du moment où je suis arrivé, donc il y en a probablement eu plus que ça…
Mais le vrai mystère, ce sont les toilettes. On en trouve absolument partout ici, mais heureusement, car si une japonaise entre devant vous dans les toilettes, il y a un espoir que vos enfants la voit ressortir. Pour votre usage, il vaut mieux en chercher d’autres plus loin. J’estime à environ 20% la proportion de la journée qu’un japonais moyen passe dans les toilettes. J’espère qu’ils pensent à prendre à manger. Du coup, comme ça m’intrigue beaucoup et que je ne peux pas vraiment savoir, j’en suis réduit aux suppositions. La plus crédible que j’avais jusqu’ici, c’est que les japonais pratiquent des messes noires dans les toilettes. Et ce matin, en arrivant à mon nouvel hôtel, je suis tombé sur ce panneau :
Interdiction de jeter des poupées vaudou dans les toilettes ! Le titre de ce billet lui sert aussi de phrase de conclusion.
14 mai 2009
Je le savais !
11 mai 2009
Les bains japonais
Pendant des années, j’ai été persuadé que les japonais avaient inventé le judo dans le seul but de pouvoir apprécier la douche qui lui succède. La chaleur, la sueur, les muscles douloureux, la brûlure du kimono (les initiés préfèrent dire judogi)… Et puis en arrivant au Japon, j’ai découvert que je m’étais trompé. Le sens de la vie est de prendre un bain après le judo. Estimez-vous chanceux, il n’est pas fréquent qu’un blog révèle le vrai sens de la vie comme ça.
Qu’est-ce que le bain japonais ? C’est un lieu dans lequel on trouve un ou plusieurs bassins d’eau souvent très chaude, ainsi que de petites douches à côté. Les douches sont près du sol, car on les utilise assis sur un petit tabouret. On commence par se mouiller rapidement dans les douches, puis on va tremper dans l’eau chaude du bassin jusqu’à ce que les neurones soient liquides. On retourne ensuite se laver consciencieusement sous la douche, puis on retourne bouillir une seconde fois. Du moins, c’est ce que disent les instructions pour étrangers. En fait, on fait un peu comme on veut. On a avec soit une petite serviette appelée « face towel » qui sert à plein de choses, dont gant de toilette, humidificateur pour le visage et cache sexe, cf plus loin.
J’ai souvent plein de questions sur les bains japonais, donc je vous fait une FAQ :
Pourquoi c’est génial ?
Parce que !
Mais encore ?
C’est une sensation très agréable physiquement, d’être plongé dans de l’eau chaude. On ne bouge pas, parce que ça brûle autrement et on n’a plus qu’à parler ou à tergiverser en attendant d’être cuit.
On y va en maillot de bain ?
Non. Généralement, on y va nu. Comme dit plus haut, on peut utiliser la « face towel » comme cache sexe, soit en la nouant autour des hanches pour les plus pudiques, soit en la tenant négligemment devant soit. Les moins pudiques peuvent porteur leur « face towel » ostensiblement sur l’épaule… Pour les filles, je n’ai jamais vu, mais j’imagine qu’il faut faire un choix, car la « face towel » est relativement petite.
Il y a des bains mixtes (avec un clin d’œil complice) ?
Il parait qu’on en trouve dans certains coins reculés. Mais les bains sont fréquentés principalement par les personnes âgées chez qui c’est une institution. Pour ma part, je ne tenterais pas l’expérience…
Les bains japonais, c’est les onsen c’est ça ?
En fait, les japonais différencient les onsen, qui viennent d’une source thermale, des bains normaux, qui utilisent l’eau du robinet. En pratique, ça reste cependant pareil, sauf pour certaines sources thermales « amusantes » (eau colorée, eau encore plus chaude que d’habitude, etc.) et sauf pour la présence de panneaux prétentieux prétendant que l’eau du bassin 2 va guérir toutes les maladies.
Aujourd’hui, j’ai essayé un onsen assez réputé de l’île de Sakurajima. On y va habillé en kimono, le bain est mixte, en extérieur au bord de la mer et il s’agit en même temps d’un site religieux shinto, donc les gens viennent y faire leur dévotions dans l’eau et on est au milieu des objets religieux (statues, rochers encordés, autels). C’était bien.
6 mai 2009
Premier mouvement
Après un mois à Tokyo, le temps de me déplacer un peu était venu. Me voici donc arrivé à l’extrême sud des îles principales, à Kagoshima (sur l’île de Kyûshû). Premièrement parce que c’est exotique de me dire que je suis plus au sud que l’Iraq, deuxièmement parce que j’ai rencontré des gens qui avaient fait du judo ici, donc j’ai à priori des chances de trouver des dojos.
Pour le moment, j’ai réservé une semaine d’hôtel, je verrai ensuite si je dois rester plus ou si je peux commencer à remonter vers le nord.
Pour le trajet, j’avais prévu d’économiser au maximum, en prenant le bus ou le ferry, mais la différence de prix ne justifiait pas de mettre 48h au lieu de 2h, donc j’ai choisi la facilité.
Il pleuvait pour ma première découverte de la ville, donc j’ai préféré rester à l’abri à regarder une « battle » de hip-hop, cf billet ci dessous. Je recommencerai l’exploration demain, s’il fait meilleur.
Free-Style Hip-hop
J’avais prévu de passer la journée à visiter ma nouvelle ville (cf billet ci-dessus), mais le hasard et la pluie ont fait que j’ai préféré assister à une « battle » de hip-hop par équipe. Je ne suis pas expert en ce domaine, mais j’ai trouvé ça très impressionnant. Les équipes prennent la main à tour de rôle, avec un danseur qui vient danser au milieu et parfois les autres qui l’accompagnent en retrait. La provocation joue un grand rôle, les danseurs venant narguer l’équipe qui attend son tour et qui joue l’indiférence, mais tout le monde se salue et se « hug » généreusement dès que la musique s’arrête. L’équipe gagnante est une équipe de deux petites filles. Elles étaient très fortes, mais elles ont quand même bien bénéficié de leur statut, parce que les autres finalistes étaient meilleurs.
4 mai 2009
La foule au Japon
Le Kodokan se trouve à quelques mètres du Tokyo Dome, qui est un peu notre Stade de France. Le week-end dernier s’y déroulaient deux concerts de X-Japan. il y avait donc pendant deux jours des centaines de gothiques cosplayés en rouge qui faisaient la queue en plein cagnard. Ils ont probablement bronzé… (je ne devrais pas moquer les gothiques, j’aurais l’air bête s’il y avait d’ex-gothiques parmi mes lectrices). Ce n’est pas le sujet du billet, mais il y avait en particulier de petits stands qui vendaient des objets X Japan, dont le pire goody de mauvais goût de l’histoire de la fan-attitude : des serviettes de toilette Hide !
Oui, oui, j’ai bien dit des serviettes de toilette Hide.
Donc les gens qui n’ont pas compris ces dernières lignes sont encore moins cultivées que moi en musique J-Pop, félicitation à elles. Hide, ex-chanteur du groupe X Japan, est le Kurt Cobain japonais. Comme Kurt, il a été assassiné par un consortium secret comprenant la CIA, les extra-terrestres et un ange déchu qui pleure des larmes de sang, qui a cherché (le consortium, suivez donc un peu) à faire passer ça pour un suicide. Mais contrairement à Kurt Cobain, il n’a pas fait ça au fusil, mais en se pendant à la poignée de sa salle de bain avec une serviette. Depuis, la seule tentative de suicide acceptable pour un gothique japonais est par pendaison à la serviette. Ce mouvement a d’ailleurs eu un succès regrettable. J’ai hésité à qualifier la serviette Hide de pire goody de mauvais goût de l’histoire, car après tout, les catholiques vendent bien des crucifix depuis des siècles, mais à la réflexion, les crucifix ne peuvent pas être utilisés à des fins personnelles, donc si elle gagne haut la main.
Nous arrivons enfin au vrai sujet de ce billet : la foule. En réalité, il y a deux types de foules :
La foule désordonnée, où chacun va où il veut, voire décide de s’arrêter pour taper un mail sur son portable. C’est le terrain où la grand-mère japonaise fait fureur. La dernière personne qui m’a dit que les japonais ne poussaient pas dans la foule était plus grande que moi et avait enterré le quintal au fond de son jardin depuis des années. Je pense que la phrase complète, si j’avais poussé la conversation aurait été « les japonais ne poussent jamais dans la foule, par contre sa picote au niveau des jambes et il y a plein de japonais écrasés sur mon chemin ». En gros, dans une foule désordonnée, telle qu’une rue commerçante, les japonais passent et n’ont pas pour habitude de s’excuser avant de se frayer un chemin. Je sais que cette affirmation va troubler la vision de nombreuses personnes, mais il fallait la faire !
Par contre, là où les japonais sont proprement incroyables, c’est dans une foule ordonnée, où tout le monde va au même endroit. Ils ont tous réussi à intégrer une chose qu’une très faible minorité de français comprend, c’est que la distance avec la personne devant dans une file d’attente ne change strictement rien au temps qu’il reste à attendre. Ils ne poussent donc pas. Cette simple règle, alliée au fait qu’ils ne doublent pas dans ces cas là, leur permet d’avoir une intelligence de groupe proprement hallucinante pour un français. J’ai vu des milliers de personnes évacuées par métro après un festival en quelques MINUTES, avec une file, organisée par la police, qui se meut sans heurts depuis le centre-ville jusqu’à la gare. Pour le concert de X Japan, dont les fans étaient déjà en train de faire la queue à 9h du matin pour le concert du soir, j’ai assisté à une autre chose incroyable : une file de personnes, qui va de l’entrée du stade à l’entrée du parking, qui s’interrompt et qui reprend cinquante mètres plus loin. Et pour canaliser la foule, deux policiers, un de chaque côté de l’entrée de parking.
Le côté triste de l’histoire, c’est qu’à bien y réfléchir, quelques imbéciles qui se placeraient dans cette foule ne suffiraient pas à la désorganiser. Si on n’arrive pas à ce comportement, c’est qu’il y a une majorité d’imbéciles…
3 mai 2009
Un coiffeur sachant coiffer
Je me suis fait couper les cheveux avant-hier. Cette nouvelle, qui je l’imagine provoque un intérêt non dissimulé chez mes lecteurs, est finalement moins anodine que chez la plupart des blogueurs BD, parce que je l’ai fait chez un coiffeur japonais.
Donc je conseillerais à toutes les filles qui payent régulièrement 40 Euros pour leur coupe d’arrêter de lire ce billet, je ne suis pas responsable des crises de jalousie qui pourraient advenir.
Au Japon, le prix normal pour une coupe de cheveux complexe, homme ou femme est de 1800 Yens (13,61 Euros au moment où je vous parle). Il se trouve que je n’ai pas une coupe de cheveux complexe, donc je me fait couper les cheveux pour 1000 Yens (7,58). La vision de la coupe de cheveux au Japon est différente de la France, dans la mesure où au Japon, on vous vend aussi le fait que vous allez être coiffé en vitesse. Généralement, la formule est 1000Y/10min.
Comme je vais jusqu’au bout de la recherche, j’ai évidemment vérifié l’heure en rentrant et en sortant. En réalité, je crois bien que le coiffeur a mis 12 minutes en tout… Mais techniquement, il avait fini de me coiffer avant, donc ça doit être bon… Pour coiffer en 10 minutes, il n’y a évidemment pas de shampoing, juste un coup de pistolet à eau (enfin de brumisateur, mais certains de mes lecteurs comme Tiflo et les 101daltoniens pourront témoigner de la proximité de ces deux objets), 5 minutes de tondeuse et enfin le plus troublant, 5 minutes pendant lesquels le coiffeur vous passe littéralement l’aspirateur dessus ! Il a une petite brosse sur son aspirateur et il vous la passe d’abord consciencieusement dans les cheveux, puis sur toute la tête et dans le cou. Comme en plus ils mettent une petite bande de papier qui doit être électro-statique autour du cou, il ne reste pas un cheveu coupé qui traîne !
Je vous mets une petite photo d’une enseigne en anglais (ce n’est pas celui chez qui je suis allé, mais c’est vaguement pareil), pour que vous puissiez vérifier. Pour moi, c’était le « bozu style » à la tondeuse, mais ceux qui veulent se faire couper les pointes payent le même prix
2 mai 2009
Daruma et Muneta
Je vais vous parler de judo aujourd’hui. Mais comme ça va faire deux fois dans la semaine et qu’il faut diluer un peu, on va commencer par de la culture générale japonaise.
Bodhidharma est le moine bouddhiste légendaire qui aurait apporté le zen au Japon. Il est sensé avoir fait un tas de choses incroyables, dont la principale est qu’il aurait médité face à un mur pendant 9 ans, sans boire ni manger. La version japonaise de l’histoire dit qu’à force, ses bras et ses jambes seraient tombées et les japonais fabriquent donc des statuettes toutes rondes, sans bras ni jambes, appelées Daruma. Ces statuettes sont très importantes dans la culture japonaise, car les japonais les utilisent pour représenter leur vœu le plus cher. Les statuettes sont vendues avec deux orbites blanches. On peint un œil au moment d’exprimer le vœu et on peint le second lorsque le vœu se réalise, ce qui peut prendre des années, voire une vie. Pendant ce temps, la statuette est placée en hauteur et à un endroit visible dans la maison. On ne possède traditionnellement qu’une seule statuette de Daruma à la fois, car plus signifierait qu’on se disperse dans la réalisation de plusieurs vœux à la fois.
Ceux qui suivent se demandent probablement ce que le judo vient faire la dedans, mais ne vous inquiétez pas, tout est sous contrôle.
Mercredi avait lieu le championnat du Japon de judo. Et on est passé tout près du hold-up. C’est un championnat toutes catégories, car les japonais ont inventé les catégories de poids pour ne pas perdre contre les étrangers, mais n’y croient pas quand ça se passe en interne (« sur un champ de bataille, on ne choisit pas le poids de l’adversaire »). Et le champion depuis plusieurs années y est Muneta.
Que j’ai d’ailleurs croisé lors de mes pérégrinations :
C’est le monsieur tout rond à droite (on ne voit pas, mais il a bien sa petite souris kawaii réglementaire dans la police sur le bras droit). Vous commencez peut-être à faire le rapprochement avec le premier chapitre… Muneta est accueilli aux championnats du Japon de judo comme une star. Et mon hypothèse est que son charisme vient de la ressemblance évidente avec Daruma (l’adversaire sur la photo fausse la vision des proportions, mais c’est vraiment juste un œuf sur patttes). C’est dans cette ressemblance qu’il est fort en judo également, puisqu’il s’agit d’un culbuto humain. Il ne chute jamais, car il retombe toujours sur ses petites jambes ou à défaut sur le ventre.
Le problème, c’est qu’à ce championnat, il a été très moyen. Seulement, monsieur est une fierté nationale et monsieur travaille dans la police, donc les arbitres ont réussi à la seule force de leur mauvaise foi et de leurs « oublis » de pénalités à le hisser en finale sans qu’il ait besoin de lancer une seule attaque. C’en est arrivé à un point où ils ont réussi à se mettre la salle à dos contre le héros national. En plus, il chouine tout le temps. Il a commencé par se plaindre d’avoir une douleur au cou. Regardez à nouveau la photo… CET HOMME N’A PAS DE COU ! Ses épaules finissent directement dans les oreilles. On ne me la fait pas à moi ! Il jouait la comédie.
Bref, heureusement, le héros national c’est fait battre par un petit jeune de Nara (si vous savez, là où j’ai passé ma ceinture noire). D’ailleurs, mon sensei avait annoncé avant le début du tournoi que c’était lui qui gagnerait, comme quoi quand il ne cabotine pas, il est balaise mon sensei !
1 mai 2009
Qu’est-ce qu’on boit au Japon ?/! – 2
Le retour de mon article le plus commenté du blog ! J’ai été un peu moins intensif dans mon effort et on note une diminution des boissons parfaitement anormales.
Mais j’en ai mis un peu plus pour compenser… (more…)