Mardi soir, je devais aller aux bains publics, auquel cas vous auriez eu droit à un billet consacré. J’ai en fait découvert que les bains sont fermés le 3ème mardi du mois… Ce n’est pas une blague, ou plutôt si, mais pas de mon fait. Et en plus, il pleuvait à seaux (je vous préviens, je ban directement tout commentateur qui dira « donc c’est bon, tu as eu ta douche »). Du coup, voilà un billet sur la pluie au Japon. Ca vous fera les pieds à vous aussi.
Généralement, le dernier mot d’un touriste parisien qui débarque au milieu d’une pluie japonaise avec son K-Way à capuche est « gloub ». La première fois que je suis arrivé à Nara (où j’ai vécu un an) c’était au milieu d’une pluie, j’ai donc immédiatement compris à quoi servaient les tranchées de 1m50 de profondeur et de 1m de large qui bordent la route de part et d’autre, à la campagne. Il n’y a pas de mousson à proprement parler au Japon, comme dans le reste de l’Asie. Par contre, il y a deux averses annuelles, une qui dure du 15 juin au 15 ou 30 juillet, l’autre qui dure le mois de septembre. En réalité, l’humidité de l’air reste constante de la mi-juin à la fin septembre, mais par une astucieuse plaisanterie thermodynamique, la température en août est suffisante pour que l’humidité reste dans l’air au lieu de se condenser, la pression de vapeur saturante est directement liée à la température, tous les ingénieurs vous le diront. Cela nous éloigne du sujet principal, si ce n’est que du coup, vous comprendrez qu’après avoir vécu quelques mois d’août, les japonais regardent la pluie comme un moindre mal.
On a en fait trois différents types de pluie au Japon. Le premier est le typhon, que l’on affrontera de préférence en s’organisant une soirée télé. Le deuxième est la pluie franche et drue. Elle n’est pas accompagnée de vent, qui est réservé au typhon, mais il tombe plusieurs mois de précipitations parisiennes en quelques heures. Le troisième est le pipi de chat, que j’ai découvert il y a peu et qui permet juste au japonais d’organiser des joutes de parapluie, mais voyons cela de plus près.
Les écossais pensent que la pluie s’affronte avec une veste en Gore-Tex, je le sais, j’en ai vu un le faire il y a quelques heures de ça. Les japonais lui préfèrent le parapluie (et les chaussures en Gore-Tex), qui est plus proche de l’esprit du samurai et qui s’accommode bien de la pluie sans vent. Dès la première goutte, qui ne reste pas souvent seule longtemps, les japonais commencent un rite millénaire, celui de la joute de parapluie. Cette tradition dont l’origine est évidemment le champ de bataille, comme toutes les grandes inventions japonaises (sabres, judo, gothic lolita) consiste simplement à ouvrir ou fermer son parapluie, à l’entrée ou à la sortie d’une zone abritée, de manière à le planter dans l’œil ou dans n’importe quelle partie sensible de ses voisins. Si le voisin ne possède pas de parapluie, il est normal et même recommandé de continuer à l’attaquer, même sous la pluie à l’aide des baleines. Dans ce but, l’urbanisme japonais est structuré de manière à avoir un maximum d’interfaces couvert/non-couvert. Il n’est évidemment pas bien vu de garder son parapluie ouvert dans les zones couvertes, même très petites, car c’est de l’anti-jeu et aussi parce que ça porte malheur, ça fait pleuvoir.
Par très beau temps, les femmes sont autorisées à organiser des joutes d’ombrelles, pour lesquelles les hommes sont particulièrement désavantagés, puisqu’ils n’ont d’autre choix que la fuite.
23 avril 2009
La voie du parapluie
2 Comments »
RSS feed for comments on this post. TrackBack URL
Triste Japon. Remarque, j’imagine avec e temps que les batailles de pistolets à eau aient là-bas moins de charme.
Bien à toi et reviens nous sec
Commentaire by Alex — 23 avril 2009 @ 8 h 04 min
Surtout ne faiblis pas, ces billets sont en train de devenir indispensables.
Un petit écho chez Maitre Eolas ou Boulet et te voila star de la blogosphere !
Commentaire by Jem — 23 avril 2009 @ 10 h 16 min